La terrible année 1849 à Fressain

L’année 1849 a vu arriver une épidémie de choléra particulièrement meurtrière en France. Lors de mes recherches dans l’état civil de Fressain (berceau de ma famille maternelle), j’ai pu constater un pic de décès vraiment important cette année là, et j’ai voulu me pencher un peu plus sur cette épidémie et ses conséquences dans le village.

Mes recherches m’ont permit de me rendre compte de l’ampleur de l’épidémie, et de constater comme certaines familles avaient été décimés en quelques jours …

Cette épidémie est la 3ème mondiale, et a d’abord commencée en Europe par l’Angleterre, puis est arrivée en France par Dunkerque dès le mois de novembre 1848. Elle s’est ensuite propagée dans tout le nord-est de la France, faisant plus de 100 000 morts en quelques mois.

Le Nord de la France est l’un des départements les plus touchés (juste après la Seine) avec plus de 14 000 morts

Le choléra est une maladie transmise par de l’eau ou des aliments contaminés, et l’homme est le principal réservoir. Lors de l’infection, le patient présente d’importantes diarrhées qui peuvent être responsables d’une perte de près de 15 litres d’eau, ce qui peut entrainer une déshydratation fatale. Elles sont aussi à l’origine de la transmission oro-fécale. Il existe une période d’incubation et de portage asymptomatique qui favorise la transmission de l’infection sur de nouveau territoire. Cependant, à l’époque le mode de transmission de la maladie n’est pas connu, et plusieurs théories s’affrontent dans le monde médical.

On constate la première hausse de décès à Fressain en août 1849 avec pas moins de 30 décès entre le 8 et le 31 aout (contre 6 décès seulement depuis le début de l’année …). Septembre est encore plus meurtrier avec 60 décès avant que l’épidémie se calme en octobre avec seulement 4 morts.

Il y a donc eu 90 décès en 2 mois sur les 104 cette année là. En comparaison les 4 années précédentes il y avait eu 17, 38, 23 et 20 décès par an.

La population du village était alors au alentour de 800 personnes, soit une mortalité de plus de 12% de la population !

Le pic de l’épidémie à lieu début septembre, avec pas moins de 8 décès qui surviennent le 7 septembre.

L’épidémie touche toutes les tranches d’âges, cependant on constate que les tous petits sont bien entendus très touchés, tout comme les personnes de plus de 40 ans.

Les deux sexes sont touchés, mais un peu plus les hommes (49 décès) que les femme (41), surtout chez les plus personnes de moins de 20 ans, c’est ensuite les femmes qui sont le plus victimes.

Les premiers cas apparaissent rue de la Fontaine, puis se propage progressivement dans le village.

L’ensemble du village est touché, cependant on constate bien une avancée progressive des décès et donc probablement des cas de choléra.

Il n’est bien entendu pas possible de retracer l’histoires des 90 victimes de l’épidémie, mais j’ai choisi de m’intéresser à quelques uns d’entre eux, dont la famille a été particulièrement été touchée.

Nous parlerons par exemple d’Arnould Villain, garçon brasseur qui épouse à 23 ans Marie Augustine Carlier le 17 novembre 1830. Les naissances ne se font pas attendre, et entre 1831 et 1847, 7 enfants vont voir le jour : 3 garçons dans un premier temps puis 4 filles qui survivront tous à la naissance. Les neufs membres de la famille vivent donc en 1849 rue de la Fontaine.

Le 7 aout, de bon matin, Arnould se rend à la mairie pour une bien triste tâche, il accompagne son beau frère, Louis Firmin Carlier, déclarer le décès de son dernier fils, Auguste, né la veille. Auguste est-il le premier du village à succomber à l’épidémie de choléra ou fait-il parti des nombreux enfants à mourir en bas âge à cette époque ? Difficile de répondre à cette question.

Dans tous les cas, 8 jours plus tard, le 15 aout, c’est au tour d’Arnould d’être emmené au cimetière, alors seulement âgé de 42 ans, laissant sa femme et ses 7 enfants …

Deux jours après, c’est l’oncle d’Arnould, Charles Valent, âgé de 54 ans, qui habite également rue de la Fontaine, qui décède. Trois jours plus tard, le 20 aout c’est au tour de sa mère, Célestine, 72 ans de décéder, mais cette fois-ci, rue de l’Église, suivie le 28 aout, par un autre des oncles d’Arnould, Honoré, âgé de 66 ans, également rue de l’Église.

Les descendants de ces personnes ainsi que leurs proches sont à leur tour touchés, et propagent la maladie à travers le village …

En gris, les personnes décédées lors de l’épidémie

Ainsi, sur les 8 enfants encore vivant en 1849 de Jean Valent et Catherine Lemaire, 3 d’entre eux vont succomberont au choléra, mais aussi 6 de leurs petits-enfants (ou conjoins) et 6 arrières petits enfants. Il semble que très peu de famille soit épargnées par le deuil et la maladie.

Pour en revenir à Arnould, le 28 aout, l’épidémie emporte sa fille Marie, âgée de 5 ans. Au mois de décembre, alors que l’épidémie semble pourtant s’être calmée, c’est au tour de Marie Augustine Carlier, sa femme, de mourir, laissant 6 enfants orphelins … Il est impossible de connaitre la cause de ce décès, elle semblait pourtant être passée au travers les mailles du filet de l’épidémie.

Durant cette terrible épidémie, devant l’absence de traitement ou de possibilité de se protéger, les Fressinois cherchent refuge dans de la religion, et notamment auprès de St Roch, saint patron des pestiférés. Il est d’ailleurs un saint protecteur très aimé dans le monde rural et paysan.

Pour se protéger, les habitants de Fressain promettent la construction d’une chapelle dédiée à St Roch si l’épidémie s’arrête.

C’est ainsi qu’est construite la Chapelle St Roch située rue du Bois, qui existe encore aujourd’hui !


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